A propos du PS de Commentry

Notre histoire

Comptant parmi les plus anciennes de France, notre section a vu le jour avec l'arrivée de Christophe Thivrier en 1882, comme premier Maire socialiste au monde.

Fondée en 1882 avec l'élection de Christophe THIVRIER comme 1er Maire Socialiste au Monde, la section PS de Commentry/Montmarault a son siège au 12 rue Henri Barbusse à Commentry. Les militants se réunissent régulièrement pour traiter des dossiers locaux, intercommunaux ou nationaux. Ils assistent aux conseils municipaux de Commentry et militent pour le changement dans leur ville. Ce sont des femmes et des hommes attachés au progrès et à la justice sociale.


Christophe THIVRIER

Fils d'ouvrier, né de l'union de Gilbert THIVRIER et de Marie MANCIER, le 16 mai 1841, Christophe THIVRIER eut une vie aventureuse au sens la plus honnête du terme. Très jeune orphelin de mère, il fut élevé à la campagne. Il courait les champs et d'autre fois, gardait les bêtes. Il avait tout juste eu le temps de goûter aux joies et à l'insouciance de l'enfance, que déjà, à 12 ans, sachant à peine écrire, son père l'envoyait à la mine. Il exerça ensuite les métiers de tâcheron à la construction de la ligne de chemin de fer Commentry-Gannat, boulanger, fabricant de tuiles, marchand de vins à Commentry.

Une nouvelle génération allait voir le jour par son mariage avec Marie MARTIN. Que dire même, une dynastie ! Trois fils :

Alphonse, l'aîné, qui devenu veuf, continua avec sa mère, le commerce du vin qu'avait entrepris son père, devenant aussi Maire de Commentry de 1919 à 1936.

Léon, l'intellectuel, qui devint médecin à Commentry et siégea à la suite du paternel, au Conseil général de 1902 à 1919 et à la Chambre des Députés de 1902 à 1919.

Isidore, associé au commerce de vins, puis s'étant consacré à la reprise d'une partie de la mine, fut à son tour Conseiller général dès 1919, député de 1924 à 1940, dernier maire de la IIIe République en 1936. Il y avait aussi une fille.

La petite dernière, Louise-Angéline qui vivait chez ses parents, épousa Ernest MONTUSES.

En 1865, arrivé à une grande maturité de réflexion et d'esprit, THIVRIER supporta mal les servitudes de la mine et « de commander à ses camarades ». C'est ainsi qu'à l'automne 1870, il devint un propagandiste acharné des idées républicaines, à la faveur d'ailleurs de la chute de l'Empire deux ans plus tard. La « Marianne », société secrète, ancêtre de la franc-maçonnerie se constitua clandestinement pour lutter contre les autorités restées monarchistes. À l'issue du scrutin du 22 novembre 1874, le conseil municipal de Commentry était entièrement composé de républicains Marianneux, dont THIVRIER.

Élu premier maire socialiste au monde le 6 juin 1882, il s'installa à 40 ans dans son fauteuil de premier magistrat, portant la barbe et les cheveux longs comme il était d'usage chez les républicains. Voulant défendre les travailleurs, il fut suspendu de ses fonctions, puis révoqué le 14 décembre 1888. Plus jamais, il ne solliciterait cette fonction mais une fronde sourde s'éleva dans la ville et aux alentours. L'indignation populaire, lui valut son élection au Conseil général, le 28 juillet 1889. Cet été-là, il se mit en campagne pour les élections législatives. Et avec ses jambes pour seul moyen de locomotion, il partait à travers la circonscription, tenant des réunions épiques où il ne manquait pas de ridiculiser ses adversaires grâce à son humour. On l'accueillait à bras ouverts, les verres se choquaient et THIVRIER, avec son langage mi-patois, mi-français, faisait alors luire l'idéal socialiste. Il ne rentrait chez lui que le soir venu quand il ne dormait pas chez l'habitant. Il fut élu député le 6 octobre 1889.

« mes électeurs ne veulent pas que je me déguise pour la séance d'ouverture. Ils m'ont donné le mandat d'y aller endimanché, comme je suis ordinairement : ma blouse par-dessus mon paletot. »

On lui fit alors promettre de garder sa blouse bleue pour aller à la Chambre et il ne se déroba pas. La presse se précipita sur lui, l'interrogeant ironiquement sur l'utilité d'un tel vêtement. Il rétorqua : « mes électeurs ne veulent pas que je me déguise pour la séance d'ouverture. Ils m'ont donné le mandat d'y aller endimanché, comme je suis ordinairement : ma blouse par-dessus mon paletot. » Mais il se vit alors refuser l'accès au Parlement par les huissiers qui lui demandèrent d'ôter ce « bleu de travail ». Il s'y refusa catégoriquement : « Quand l'abbé Lemire posera sa soutane, quand le général de Galliffet quittera son uniforme, je poserai ma blouse d'ouvrier ». Cette déclaration fut reprise dans toute la presse nationale et étrangère.

« Quand l'abbé Lemire posera sa soutane, quand le général de Galliffet quittera son uniforme, je poserai ma blouse d'ouvrier »

Assis à l'extrême gauche dans l'hémicycle, que l'on appelait aussi la « fournaise » en ce temps-là, THIVRIER était « un cœur calme et doux », mais pouvait facilement entrer en colère. Alors, celui qui vivait au pays du tonnerre et du grisou les dirigeait alors du côté du gouvernement. Montant à la tribune de l'Assemblée Nationale, fit de nombreuses interventions pour défendre le peuple des travailleurs et fut à l'origine du premier 1er mai, en 1890. Suscitant le plus souvent un véritable tohu-bohu dans l'hémicycle, cette hostilité ne l'empêcha nullement de dérouler ses interventions. Parlant avec son cœur et ses tripes, bien que moqué par ses collègues, « il atteignait au moins l'éloquence courante du Parlement. » Lorsqu'en 1894, le pouvoir national en place foula les libertés fondamentales au pied, traquant à nouveau les organisations syndicales et les ouvriers, THIVRIER interpella en séance le gouvernement. La droite représentée par le Député CHAUDEY, s'en plaignait vivement, pointant alors un article paru dans Matin où Jules GUESDE se posait « en revanchard de la Commune. ».

L'orateur s'exclama alors : « quand on a derrière soi la Commune, on n'a pas le droit de protester contre la violation de la liberté ». Et debout le Député en blouse cria : « vive la Commune ». Il régnait alors un chahut indescriptible, si bien que le Président de l'Assemblée Nationale exigea, pour calmer la meute hurlante, que THIVRIER retirât « les mots odieux ». Il accourut au pied de l'hémicycle et s'en expliqua : « Messieurs, mes amis et moi avons crié : « Vive la Commune ! » en présence des infamies qui viennent d'être dites. » Et de répondre aux injonctions du Président DUPUY, originaire d'Auvergne : « J'ai le droit de répondre à M. le Président de la Chambre que je ne suis pas comme l'Auvergnat qui a son dit et son dédit : je maintiens. Ce que j'ai dit est dit. »

La séance fut suspendue et le député en blouse menacé d'expulsion, refusa de quitter l'hémicycle, entouré par ses amis parlementaires. Assis à sa place, il indiqua au Président que « ses électeurs ne l'avaient pas envoyé à ce siège pour qu'il ne cesse de l'occuper ». Arrivèrent une douzaine de soldats, alors THIVRIER se leva :

« mes enfants, dit-il aux soldats, je ne vous en veux pas, vous êtes les enfants du peuple ; vous suivez la consigne, mais je flétris ceux qui vous font faire ce sale métier et je crie encore une fois : « vive la Commune ».

THIVRIER fut exclu de l'Assemblée pendant deux mois et dit à sa famille au retour : « cette fois, on m'a flanqué à la porte ». Cet incident fit la une de nombreux journaux dont le Petit Journal Illustré. Mais le coup de force eut du mal à passer en Bourbonnais où de nombreux conseils municipaux votèrent des motions de protestations. Et les électeurs de Christou ne tardèrent pas à donner une ampleur croissante au cri : « Vive la Commune ». À son retour de Paris par le train, ses concitoyens l'attendaient en masse sur le parvis de la gare. Chacun l'abordait familièrement. Il transportait ses dossiers dans une vieille valise, qu'il tenait par un morceau de ficelle pour combler une poignée absente. De l'avis de tous, « Christou n'était pas fier ». On lui donnait les nouvelles du pays si bien qu'il lui fallait plusieurs heures avant de pouvoir rentrer chez lui. Il profitait alors de sa famille, de la douceur du foyer retrouvée. Il prenait alors le chemin des champs pour venir en aide à son fils et retrouvait son père, le vieux Gilbert THIVRIER. Le vieillard se redressait, écoutant fièrement son fils lui parler des travaux de la Chambre. Lorsqu'il regagna la capitale, après une période de mise à l'écart, il confiait dans ses carnets : « j'avais déjà oublié cette sale vie parisienne où tout le monde se déchire mutuellement. Je m'ennuie de façon telle que je crois que c'est l'effet de ma maladie.»

En 1895, le sort électoral allait lui être, pour la première fois, défavorable lors des élections cantonales. Cette activité physique intense comme l'était celle d'une propagande électorale de l'époque avait ébranlé fortement sa santé. Il marchait avec un bâton, il n'avait plus son grand sourire et ses épaules s'étaient voûtées sous la blouse. Le 6 août 1895, il s'était levé aux aurores pour aller lier du froment. Il dut rentrer vers midi, se sentant à bout de force, une hernie le tiraillant fortement. La douleur s'accentua : Christou ne quitta plus le lit et le médecin de garde renonça à l'opérer.

Il allait s'éteindre. Dans sa petite chambre mansardée où il agonisait, il appela alors sa famille afin de lui faire des adieux déchirants. Le jeudi 8 août 1895, le député en blouse n'était plus. Il entrait dans la légende. Cent porteurs de couronnes suivaient et près de 15 000 personnes accompagnèrent Christou dans sa dernière demeure. Sur la tombe, ses collègues parlementaires prirent la parole pour exprimer le deuil de toute la classe ouvrière, qui voyait partir son représentant bien trop tôt, en pleine force de l'âge.


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